« L'art est beau quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble » cette citation de John Ruskin (1853) situe la pratique du design dans une dimension esthétique au sens d'une « science de la connaissance sensible » (Baumgarten, trad. 1988, p.121) C'est au regard de la formation initiale commune des formateurs et des étudiants en design que le sujet de la communication sera abordé.
Le lieu de formation sera considéré comme un espace potentiel (Winnicott,1969) favorisant la constitution de liens entre les différents partenaires de la scène de formation, mais favorisant aussi l'articulation entre conception et réalisation pour conduire à la mise en œuvre progressive de dispositifs d'apprentissage.
Le processus vise à mettre « l'intelligence pratique », l'intelligence rusée, la débrouillardise, autrement dit la posture créative au cœur du dispositif.
Pour les étudiants entrant dans la formation MEEF2 arts appliqués, cette intelligence sensible aux conditions environnantes est familière des métiers du design, mais non encore reliée aux représentations du métier d'enseignant.
Développer la créativité, nécessite de développer une acuité perceptive en tant que manifestation de la relation entre individu et environnement.
La réflexion menée est sous tendue par la proposition selon laquelle « Aucune action n'est possible sans le corps : c'est à dire que le corps est une condition nécessaire pour l'action » (Strauss cité par Lahire, 1993, p.23).
Le corps sera considéré à la fois comme le lieu de l'incorporation des schèmes d'action, corporelle, gestuelle, action de penser, imaginer, parler, écrire, rêver éveillé (Lahire, 1993) et comme le lieu de l'enregistrement de la mémoire.
La posture du corps, l'enchainement des mouvements, le contact des matériaux ont un effet stimulant sur la parole qui vient naturellement soutenir l'action. Il y a un plaisir anthropologique à faire ensemble comme à utiliser sa voix. Ainsi la notion de « concept éprouvé » parole ancrée dans une action (Clerc et Agogué, 2016, p.3) permet d'unir corps et pensée.
Deux postures sont développées :
- La mise en place en formation de dispositifs dont les supports spatiaux et graphiques cherchent à activer des schèmes d'action sensori-moteurs, schèmes de perception, d'appréciation, d'évaluation (Lahire, 1993).
- L'énonciation verbale orale et écrite des processus mis en œuvre.
Méthode :
Il s'agira de témoigner des expérimentations réalisées dans le cadre de la formation MEEF2 arts appliqués en Master 1 et Master 2 de l'ESPE de l'académie de Versailles, Université de Cergy, selon trois approches :
- « L'observation participante » en formation concernant des activités écrites, graphiques, corporelles.
- L'analyse d'écrits réflexifs (Mémoires de Master 2) portant sur les problématiques de l'espace et du corps.
- L'utilisation de l'entretien d'explicitation (Vermersch,1994/2010/2017) comme révélateur de l'implicite de l'action.
Bibliographie
Clerc, N., & Agogué, M. (2016, mai). Co-réflexivité et méta-analyse en formation de formateurs à l'accompagnement professionnel. Communication présentée au colloque Ethique de l'Accompagnement et Agir Coopératif, Université de Tours.
Baumgarten A. G. et Pranchère J.Y. (Traduction, présentation et notes. 1988). Esthétique, Précédée des méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant à l'essence du poème at à la métaphysique. Paris, L'Herne.
Durand M. « Theureau, J. Le cours d'action. L'enaction et l'expérience », Activités [En ligne], 13-1 | 2016, mis en ligne le 15 avril 2016, consulté le 12 mai 2017. URL : http://activites.revues.org/2769
Lahire B. (2011) L'homme pluriel, les ressorts de l'action, Paris, Pluriel
Vermersch, P. (1994/2010/2017). L'entretien d'explicitation. Paris : ESF.
Winnicott D. W. (1969). Les objets transitionnels. Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2010.
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